Reporting climatique : Les entreprises face à une nouvelle ère de transparence environnementale

Dans un contexte d’urgence climatique, les entreprises sont désormais soumises à des exigences croissantes en matière de reporting environnemental. Cette évolution marque un tournant majeur dans la responsabilité des acteurs économiques face au défi du changement climatique.

Le cadre réglementaire du reporting climatique

Le reporting climatique s’inscrit dans un cadre réglementaire de plus en plus strict. En France, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015 a posé les jalons d’une obligation de reporting pour les entreprises cotées et les investisseurs institutionnels. Cette loi a été renforcée par l’article 29 de la loi énergie-climat de 2019, qui étend les obligations de reporting aux risques liés au changement climatique et à la biodiversité.

Au niveau européen, la directive sur le reporting extra-financier (NFRD) de 2014 a été remplacée par la directive sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD) en 2021. Cette nouvelle directive élargit considérablement le champ d’application du reporting climatique, touchant désormais toutes les grandes entreprises et les sociétés cotées, y compris les PME cotées à partir de 2026.

Les informations requises dans le reporting climatique

Le reporting climatique exige des entreprises qu’elles fournissent des informations détaillées sur leurs impacts environnementaux et leurs stratégies de décarbonation. Les entreprises doivent notamment communiquer sur :

– Leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) directes et indirectes, selon les scopes 1, 2 et 3 définis par le Protocole GES.

– Leurs objectifs de réduction des émissions à court, moyen et long terme, alignés sur l’Accord de Paris.

– Les risques climatiques auxquels elles sont exposées, qu’ils soient physiques (événements climatiques extrêmes) ou de transition (évolution réglementaire, technologique ou de marché).

– Les opportunités liées à la transition écologique et leurs stratégies d’adaptation.

– L’impact financier du changement climatique sur leur modèle d’affaires.

Les méthodologies et standards de reporting

Pour assurer la comparabilité et la fiabilité des informations communiquées, les entreprises sont encouragées à suivre des standards internationaux de reporting. Parmi les plus reconnus, on trouve :

– La Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD), qui fournit un cadre pour l’évaluation et la divulgation des risques et opportunités liés au climat.

– Le Carbon Disclosure Project (CDP), une organisation internationale qui gère une plateforme de reporting environnemental.

– Les normes GRI (Global Reporting Initiative), qui proposent des lignes directrices pour le reporting de durabilité.

– Le futur standard européen ESRS (European Sustainability Reporting Standards), en cours d’élaboration par l’EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group), qui vise à harmoniser les pratiques de reporting au niveau européen.

Les défis du reporting climatique pour les entreprises

La mise en place d’un reporting climatique efficace pose plusieurs défis aux entreprises :

– La collecte et l’analyse de données complexes, notamment pour le scope 3 qui couvre l’ensemble de la chaîne de valeur.

– L’intégration du climat dans la gouvernance et la stratégie de l’entreprise, nécessitant souvent une refonte des processus décisionnels.

– La formation des équipes aux enjeux climatiques et aux méthodologies de reporting.

– La vérification et l’assurance des informations communiquées, avec un besoin croissant d’audit externe.

– L’anticipation des évolutions réglementaires dans un contexte de renforcement constant des exigences.

Les conséquences du non-respect des obligations de reporting

Le non-respect des obligations de reporting climatique peut entraîner diverses conséquences pour les entreprises :

– Des sanctions financières, dont le montant varie selon les juridictions mais qui peuvent être significatives.

– Des risques réputationnels importants, avec un impact potentiel sur l’image de marque et la confiance des parties prenantes.

– Des difficultés d’accès au financement, les investisseurs et les institutions financières étant de plus en plus attentifs aux performances climatiques des entreprises.

– Des poursuites judiciaires, avec la multiplication des contentieux climatiques visant les entreprises pour manquement à leurs obligations de vigilance ou de transparence.

L’impact du reporting climatique sur la stratégie des entreprises

Au-delà de la simple conformité réglementaire, le reporting climatique devient un véritable outil de pilotage stratégique pour les entreprises. Il permet :

– D’identifier les risques et opportunités liés au changement climatique, favorisant une meilleure résilience de l’entreprise.

– De stimuler l’innovation et la recherche de solutions bas-carbone, ouvrant de nouvelles perspectives de croissance.

– D’améliorer le dialogue avec les parties prenantes, renforçant la légitimité de l’entreprise sur les enjeux environnementaux.

– D’attirer les investisseurs et les talents sensibles aux enjeux climatiques, devenant un facteur de compétitivité.

Perspectives d’évolution du reporting climatique

Le reporting climatique est appelé à évoluer dans les années à venir, avec plusieurs tendances qui se dessinent :

– Une harmonisation internationale des standards de reporting, avec l’émergence potentielle d’un cadre global unifié.

– L’intégration croissante des enjeux de biodiversité dans le reporting climatique, reflétant l’interdépendance entre climat et nature.

– Le développement de technologies de collecte et d’analyse de données plus performantes, facilitant un reporting en temps réel et plus précis.

– L’extension des obligations de reporting à un plus grand nombre d’entreprises, y compris les PME non cotées.

– Une pression accrue pour la transparence et la vérifiabilité des informations communiquées, avec un renforcement des mécanismes d’audit et de contrôle.

Le reporting climatique s’impose comme un outil incontournable de la transition écologique des entreprises. Face à l’urgence climatique et aux attentes croissantes de la société, les obligations en la matière ne cesseront de se renforcer, exigeant des entreprises une adaptation constante et une intégration profonde des enjeux climatiques dans leur stratégie et leur gouvernance.